Cannes, baby!
Une ouverture enchantée et engagée. Les bons plans pour bien vivre le Festival.
Cannes, ce n’est pas seulement des robes longues, des flashs, ou des titres aguicheurs. C’est aussi une manière de dire que le cinéma reste un art vivant, au cœur des tensions du monde. Chaque année, la sélection met en lumière des regards dissidents, des récits invisibilisés, des formes nouvelles. Et souvent, les polémiques font partie du programme : films censurés ailleurs, discours inattendus sur scène, sujets brûlants. Le Festival est un miroir – parfois grossissant – de nos contradictions. Un événement profondément politique.
Mais c’est aussi un lieu de communion populaire, où un premier long-métrage peut émouvoir autant qu’un géant attendu. Cette année, Partir un jour d’Amélie Bonnin, film d’ouverture adapté d’un court primé, en est l’exemple parfait : un projet modeste à l’origine, devenu emblème d’une sensibilité nouvelle.
Que l’on soit sur la Croisette ou dans une salle obscure à Lille, Marseille ou Guéret, Cannes nous rassemble dans une même passion : celle du cinéma qui interroge, éblouit, dérange, console. Et tant qu’il en sera ainsi, on continuera à s’en faire tout un film.
Tapis rouge au coin de la rue
Le 13 mai, la 78e édition du Festival de Cannes s’ouvrira en direct dans plus de 700 salles en France, réaffirmant l’importance de ce rendez-vous unique entre le cinéma d’auteur et le grand public. Moment symbolique, la cérémonie d’ouverture marque chaque année le coup d’envoi du plus grand festival de cinéma au monde. Cette année, Laurent Lafitte, César 2025 du Meilleur second rôle, présentera la soirée où Robert de Niro recevra une Palme d’honneur et Mylène Farmer réservera une surprise aux spectateurs. Avant de laisser la place à Juliette Binoche et à son jury.
Depuis plusieurs années, le film d’ouverture du festival sort en salles au moment de sa projection cannoise. L’occasion de vivre en simultané la soirée d’ouverture. Et on ne va pas bouder son plaisir cette année car Partir un jour d’Amélie Bonnin, est une jolie pépite qui navigue entre comédie chantée et amours désenchantées. Il prolonge une trajectoire déjà saluée : celle d’un court-métrage couronné du César en 2023, devenu aujourd’hui un premier long-métrage très attendu. Avec Bastien Bouillon et Juliette Armanet, ce récit de retour et de réinvention donne le ton d’un festival où le sensible a toute sa place. Les chansons s'intègrent parfaitement à la narration et les voix -parfois cassées- des acteurs confèrent une émotion intense à l'écoute de tubes que nous pensions connaître par coeur. Juliette Armanet chante divinement. Courez réserver votre place, il y a forcément une salle près de chez vous qui a déroulé le tapis rouge.
L’Ukraine racontée par le cinéma : un temps fort à Cannes 2025
Le mardi 13 mai, alors que s’ouvrira la 78e édition du Festival de Cannes, le Palais des Festivals accueillera une programmation exceptionnelle consacrée à la guerre en Ukraine. À l’initiative du Festival, de la Mairie de Cannes, de France Télévisions et de Brut., cette journée spéciale met en lumière le rôle essentiel du cinéma et du documentaire dans le récit des conflits contemporains.
Zelensky de Yves Jeuland, Lisa Vapné et Ariane Chemin.
Le destin documenté du président ukrainien, de ses débuts artistiques à son rôle central dans la guerre. Un portrait d’un Zelensky intime qui regorge d’archives et de témoignages à voir absolument. Yves Jeuland (Charlie Chaplin, le génie de la liberté; Un temps de Président) et Ariane Chemin, journaliste au Monde, en éclairent la genèse ici.
Diffusé le soir même sur ARTE à 20h50 et disponible en ligne sur arte.tv et france.tv.
Notre Guerre de Bernard-Henri Lévy et Marc Roussel
Un journal de guerre filmé entre Pokrovsk et Soumy, sur les lignes de front et auprès des civils, dans une Ukraine toujours en résistance.
À 2000 mètres d’Andriivka de Mstyslav Chernov
Le nouveau film du réalisateur de 20 jours à Marioupol : un récit au plus près des soldats ukrainiens, entre épuisement et espoir, sur la ligne de front dans l’Est de l’Ukraine.
Trois films, trois regards, pour rappeler que le cinéma témoigne, éclaire et résiste, quand la guerre dure depuis plus de trois ans aux portes de l’Europe.
Raphaël Quenard, feu à toutes les pages
On le savait comédien incandescent, roi des tirades filandreuses. On le découvre romancier, et le verbe est à la hauteur de sa réputation : dense, percutant, radical. Dans Clamser à Tataouine (éditions Flammarion), Raphaël Quenard prête sa langue fulgurante à un narrateur sociopathe bien décidé à faire payer à la société son sentiment d’échec. Son plan ? S’infiltrer dans chaque classe sociale pour y assassiner une figure emblématique. Une épopée macabre, tranchante, d’un humour noir implacable.
À travers ce “snuff-roman”, Quenard démonte les mécaniques de la haine, de la déshérence et du cynisme contemporain. Le tout avec une langue qui galope entre argot, fulgurances poétiques et absurdités délicieusement trash. C’est un texte dérangeant, mordant et souvent déroutant.
Rencontre et dédicace le 16 mai à 19h00 à la Librairie de Paris. Lecture musicale à la Maison de la Poésie le 20 juin à 21h.
En parallèle, son film I Love Peru sera présenté le 17 mai au Festival de Cannes, dans la section Cannes Classics. On y suit un comédien lancé dans une course absurde vers la réussite, qui plaque tout pour une aventure spirituelle… direction le Pérou. Une autre forme de vertige, plus mystique que meurtrier. Un documentaire sur le métier d’acteur, co-réalisé avec Hugo David, dans la suite directe de leur court-métrage, L’acteur (ou la surprenante vertu de l’incompréhension.
Un roman qui cogne, un film qui cherche : Raphaël Quenard poursuit sa traversée des genres – toujours sur le fil, toujours singulière.
Un film exceptionnel dans un ciné-club intimiste
C’était le coup de tonnerre de la Semaine de la Critique 2011. La Guerre est déclarée, le deuxième film de Valérie Donzelli a bouleversé les festivaliers puis les spectateurs. Avec Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm, La Guerre est déclarée témoigne de la fureur de vivre de jeunes parents face à leur enfant atteint d’une leucémie. Le jeudi 15 Mai, à 19h, il est à l’honneur au ciné-club de la Concorde animé par l’historien Antoine de Baecque qui proposera une discussion après la projection. Une occasion unique de découvrir ce chef d’oeuvre dans un lieu emblématique de la culture pour tous, comme nous vous le racontiez dans notre reportage à voir sur notre chaine tik tok.
Pour réserver, c’est ici. L’entrée est gratuite pour les moins de 26 ans et les demandeurs d’emploi et à 5€ pour les autres.
Vivre Cannes… sans y être !
Nombreux sont les cinéphiles qui ne peuvent pas se déplacer pour le festival. Rassurez-vous, la météo s’annonce pluvieuse sur la Côte d’Azur. En guise de consolation, voici comment vivre le Festival au plus près…
Toutes les conférences de presse, les photo-calls, les montées des marches, les réactions des équipes au rang I de la salle Lumière sont à vivre sur la chaine Youtube du Festival de Cannes. Vous pouvez même choisir entre VO et VF. Ne manquez pas sur leur letterboxd, les films recommandés par les stars qui font le festival.
La Quinzaine des Cinéastes, section parallèle du Festival organisée par la SRF, propose elle des interviews de cinéastes sélectionnés sur sa chaîne Youtube.
La Semaine de la Critique qui met en lumière les premiers et deuxièmes film permet elle aussi de vivre les moments forts de la sélection avec les présentation de films en salle Miramar comme si vous y étiez sur sa chaîne Youtube.
La Croisette s’invite à l’Hotel Paradiso de Paris! Dans cet hôtel pensé comme une salle de cinéma, vous pourrez profiter sur le rooftop de projections gratuites de classiques passés par Cannes et de cocktails frais, du 15 au 25 mai, tous les jeudis, vendredis, samedis.
De nombreuses salles en France vous proposent de vibrer en léger différé avec les festivaliers qui découvriront Mission: impossible - The final reckoning le 14 mai: Dans le réseau MK2 ou UGC, comme au Select de Granville, ce sera le samedi 17 mai, Au Grand Rex à Paris, le mardi 20 mai dans sa salle légendaire. Et sur tous les écrans le 21 mai.
À quoi joue l’acteur ?
Pourquoi continue-t-on à jouer — sur scène, à l’écran, ou ailleurs ? Qu’est-ce qui relie le théâtre et le cinéma ? Et que raconte ce drôle de métier où l’on se glisse dans la peau des autres pour dire le monde ?
Le mercredi 14 mai à 19h, la Comédie-Française investit le Collège de France pour une nouvelle rencontre passionnante autour du thème "Jouer : au théâtre, au cinéma ou ailleurs", avec Éric Ruf, Isabelle Nanty et l’historien Antoine Lilti, professeur au Collège de France. Un moment rare où l’art de jouer devient matière à penser — entre scène, plateau, et coulisses. L’entrée est libre, dans la limite des places disponibles -venez tôt, car les places sont prises d’assaut.
Collège de France, site Marcelin Berthelot, Amphithéâtre Marguerite de Navarre,
19h - 20h30.
Les cinq autres rencontres sont disponibles sur la chaîne YouTube du Collège de France : à voir, revoir et partager.