Tout commence par une plage
Quelque part entre Sète et la rue Daguerre… un indice s’est glissé ici. Entre deux vagues, Agnès Varda t’a laissé un message : un lion, une cabane et la mer.
Et si on passait l’été avec Agnès ?
Pas pour bronzer — encore que — mais pour glaner, rêver, traverser la vie en cinéma. Cette semaine, Intervistar embarque ses lecteurs dans une newsletter 100% Varda vibes : expo, montage, balade, boutique, revue d’été… la cinéaste aux cheveux bicolores est partout. On explore les rushes, les visages, les collages, les cheveux en brosse, les cabanes de plage, les glaneuses et les chatons. On revient aussi sur l’esprit bricoleur, l’humour, la radicalité discrète et joyeuse d’Agnès.
Je me souviens encore du joyeux bordel qui régnait rue Daguerre quand, venue l’interviewer pour Studio Ciné Live avant la présentation de Visages villages au Festival de Cannes, je la retrouvai entre une session de tournage de “boni” et les riff de guitares de Matthieu Chedid à faire du découpage.
Cet été, on vous le dit : Agnès forever.
Une mer d’images à Rodez

La Méditerranée s’invite à Rodez.
Pas en vague géante, mais en fragments d’images, de cabanes, de jouets, de visages. C’est tout le regard tendre, curieux, poétique d’Agnès Varda que célèbre cette exposition Je suis curieuse. Point. au Musée Soulages de Rodez, pensée comme une balade visuelle entre mer, souvenirs et cinéma. “On part de son enfance à Sète, on traverse un peu sa vie à travers un parcours photographique , des extraits de films jusqu’à ses dernières créations vidéos”, explique Rosalie Varda. C’est passionnant pour moi de concevoir ces expositions. Ce ne sont pas que des hommages, ce sont des récits visuels, des narrations nouvelles. Le patrimoine, ce n’est pas figé : c’est une matière vivante, qui peut encore émouvoir, questionner, émerveiller.”
Là où Pierre Soulages peignait le noir, Varda captait les lumières : celles de Sète, de Noirmoutier, du port de La Pointe Courte, des cabanes bricolées sur la plage comme des autoportraits debout. Ce lien d’amitié entre les deux artistes – immortalisé dans Les Plages d’Agnès – devient ici un fil rouge, entre photographie, vidéo, objets glanés et installations. On y croise aussi les œuvres de complices : Calder, Valentine Schlegel, JR. À voir absolument si vous passez par le Sud-Ouest cet été. Et à garder en tête : jusqu’au 4 janvier 2026.
En parallèle de l’exposition, le CGR Rodez programme un film d'Agnès Varda tous les jours (sauf lundi) à 18h. Et ce jusqu'au 4 janvier 2026.
Et si on rêvait comme Agnès ?
Publié à l’occasion de l’exposition du Musée Soulages à Rodez, Les Rêveries d’Agnès (Delpire & Co – en coédition avec le Musée Soulages et Ciné-Tamaris) n’est ni un catalogue ni un album-souvenir : c’est un livre-poème, un carnet d’instants, d’objets, d’images glanées dans la vie d’une cinéaste-artiste qui n’a jamais cessé de réinventer le réel. En quatre chapitres, on traverse les lieux et les obsessions chères à Varda :
Sète, ses racines, sa plage, la lumière de La Pointe Courte, son premier film.
Les cabanes, bricolées en pellicule ou glanées sur l’île de Noirmoutier, ses refuges poétiques.
Le bonheur, dans les fleurs, les vases de Valentine Schlegel, les détails de l’ordinaire.
Et enfin la mer, encore, les trapézistes, les installations, les collages, les instants suspendus.
Derniers jours à Carnavalet
Vous avez encore quelques semaines pour découvrir les débuts d’Agnès dans la photo avec "Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là", au Musée Carnavalet. On y explore son œuvre photographique méconnue, on entre dans l’intimité de la cour-atelier de la rue Daguerre, véritable cocon de création, et on redécouvre Paris vu par Varda, entre documentaire, fiction et poésie urbaine. Voici un reportage sur notre chaine Tik Tok pour vous donner un avant-goût.
130 tirages, archives rares, objets personnels, extraits de films et même une sculpture de sa légendaire Nini la chatte composent ce parcours sensible. Cléo, les passants, les murs, les chats : tout vibre sous l’œil tendre et décalé de celle qui a filmé Paris comme on filme un visage. Jusqu’au 24 août 2025.
Chanter la vie avec Demy
Des Parapluies de Cherbourg aux Demoiselles de Rochefort, des chansons douces à la mélancolie ensoleillée, Jacques Demy a enchanté le cinéma français. Cet été, jusqu’au 27 septembre, à la médiathèque Michel-Crépeau de La Rochelle, une exposition tendre et immersive rend hommage à son univers coloré. Pensée par Rosalie Varda et présentée dans le cadre du Festival La Rochelle Cinéma, Le Demymonde de Jacques convoque la mémoire d’un cinéma qui chantait la vie, les saisons, les cœurs qui battent trop fort.
Photographies inédites signées Agnès Varda, affiches originales, objets, scénarios annotés, souvenirs de tournage et portraits du cinéaste captés par sa complice de toujours composent une traversée sensible de son œuvre. On y retrouve Catherine Deneuve, les villes-ateliers de Nantes, Cherbourg, Rochefort, les couleurs franches, les mélodies de Michel Legrand… et ce regard à la fois rêveur et lucide, que Varda décrivait comme "bleu gris comme l’océan Atlantique".
Pensez également à réserver vos places pour le ciné concert Peau d’âne à la Philharmonie de Paris les 20 et 21 décembre 2025.
Mémoires en images : Agnès Varda passe le montage
Et si on confiait les rushes d’Agnès Varda à la génération montante du cinéma ? C’est tout le pari de "Mémoires en images", une plateforme d’éducation à l’image pensée par Rosalie Varda pour transmettre autrement l’héritage de sa mère. L’initiative propose à des étudiant·es en cinéma – réalisateurs, monteurs, scénaristes, chefs op’ – de plonger dans les coulisses du film Les Glaneurs et la Glaneuse en leur donnant accès à plus de 50 heures de rushes tournés par Varda, à remonter selon leur propre regard, leur sensibilité, leur envie de cinéma. "Ce qui nous touche, confiait Rosalie Varda au CNC, c’est de voir dialoguer les regards d’étudiants venus de cultures différentes, chacun réinterprétant le geste d’Agnès à sa manière."
Développée avec la technologie de l’INA, soutenue par une constellation de partenaires (du CNC à Netflix en passant par la Cinémathèque française ou The Criterion Collection), la plateforme se déploie aujourd’hui en France (La Fémis, l’EICAR) comme à l’international (Columbia University à New York).
Renverser les cadres, avec Varda en éclaireuse

Le MAC VAL à Vitry sur Seine fête ses 20 ans avec une exposition ambitieuse, malicieuse et engagée : Le Genre idéal. Le musée y revisite la hiérarchie classique des genres artistiques — peinture d’histoire, portrait, nature morte, paysage, scène de genre — pour mieux en démonter les codes, les renverser, les réinventer.
Ici, pas de classement figé, mais un parcours vivant à travers les œuvres contemporaines, où les “petits genres” prennent le pouvoir. L’exposition commence par la nature morte et s’achève par la peinture d’histoire, effaçant toute idée de noblesse ou de priorité dans l’art.
Parmi les œuvres fortes du parcours, Agnès Varda fait escale avec La mer immense et la petite mer immense (2003), une installation tout en contrastes entre image monumentale imprimée sur toile et photographie argentique, entre silence et souffle sonore. Avec cette invitation à nous immerger dans son cher pays de Noirmoutier, Varda croise mémoire personnelle et politique du regard. .
Plongez dans l’univers Varda sur MUBI
Sur MUBI, chaque film est choisi avec soin, presque comme un bouquet composé par Agnès elle-même. Et quoi de plus naturel que d’y retrouver un catalogue dédié à cette cinéaste inclassable, tendre, drôle, profondément libre ? Sur MUBI, tout commence par un geste rare : un humain choisit pour vous. Pas de recommandations automatiques, pas de listes infinies. La ligne éditoriale est claire : cinéma d’auteur, classiques rares, documentaires engagés, expérimentations visuelles. Chaque film est sélectionné à la main par une équipe de programmateurs passionnés. Un film par jour entre, un autre sort, comme dans un cinéma miniature. Et depuis peu, la vidéothèque permanente vous permet de (re)voir à loisir des trésors du patrimoine cinématographique.
Parmi eux, trois pépites signées Agnès Varda : Cléo de 5 à 7 (1962) : Une chanteuse attend les résultats d’un examen médical. Deux heures dans Paris, captées en temps réel, qui parlent de vie, de mort, de beauté, de regard féminin. Le Bonheur (1965) : Ou comment Agnès Varda ose le contraste entre images bucoliques et drame conjugal, entre couleurs acidulées et violence silencieuse. L’Univers de Jacques Demy (1995) : Un portrait documentaire tendre et vibrant, de son compagnon de vie et de création. N’hésitez pas d’ailleurs à faire un tour sur la belle sélection de films de Jacques Demy de MUBI. Voir ou revoir des films sur cette plateforme, c’est renouer avec une forme de cinéma artisanal et audacieux.
Tarifs MUBI Standard: 11,99 €/mois (95,88 €/an) Streaming + téléchargement illimité sur tous vos appareils, 7 jours d’essai gratuits. MUBI GO: 18,99 €/mois (167,88 €/an), nclut une place de cinéma par semaine dans les salles partenaires. MUBI Étudiant: 7,99 €/mois, 30 jours d’essai gratuits.
Glaner des objets collector
Envie de prolonger la magie d’Agnès Varda et Jacques Demy chez vous ? Sur la boutique en ligne de Ciné-Tamaris, la société de production fondée par Agnès Varda, on trouve des objets collector uniques : affiches originales, tote bags, carnets, T-shirts, cartes postales ou encore coffrets rares. Un trésor pour cinéphiles curieux et passionnés, directement lié aux films et à l’univers des deux artistes.
Sur les pas de Varda
Et si on explorait Paris à travers le regard d’Agnès Varda ?
C’est ce que propose Juliette Dubois avec sa ciné-balade guidée, une promenade urbaine et cinéphile dans le 14e arrondissement, à la rencontre des lieux qui ont nourri la vie et l’œuvre de la cinéaste. “Je l’ai initiée pour la journée des droits des femmes il y a 6 ans, explique la guide. J’ai beaucoup d'admiration pour Varda depuis longtemps et Cléo de 5 à 7 est un de mes films préférés. D'autre part, elle a beaucoup raconté son quartier dans son cinéma.”
On commence rue Daguerre, fief de Varda depuis les années 50, où elle a tourné Daguerréotypes et où ses Plages commencent. On y parle photographie, voisinage, mémoire vivante de la rue. Puis, de ruelles en façades, on traverse son engagement féministe, sa tendresse pour le street art, ses liens avec Simone de Beauvoir, le CNC, et la Fondation Cartier, où Varda déploya son imaginaire plastique – cabanes de cinéma, patates géantes, hommages aux chats…
Au fil des pas, les films ressurgissent : Cléo de 5 à 7 rue Huyghens, son appartement, sa chanson, le Dôme, l’ancien cinéma de la rue Delambre... L’Une chante, l’autre pas croise le boulevard Raspail. Et l’ombre complice de la Nouvelle Vague plane rue Campagne-Première. La balade s’achève au cimetière Montparnasse, là où repose Agnès, près de Jacques, sous une tombe fleurie.
Prochaines balades les 12 et 28 août puis le 28 septembre.
Passionnant